Des oreilles pas tout à fait identiques dès le départ
Que l’on trouve nos oreilles (trop) petites, (trop) grandes, décollées ou encore leurs lobes (trop) longs/courts, nous sommes tous logés à la même enseigne quand il s’agit d’évoquer leur symétrie, puisque quasi aucun d’entre nous ne peut se targuer d’avoir des oreilles de forme parfaitement identique. Dès la naissance, nos oreilles diffèrent un peu, voire… davantage chez certains humains. Une donnée à ne pas perdre de vue quand on envisage une intervention chirurgicale pour en corriger l’apparence (« otoplastie »).
« Lorsqu’on intervient chirurgicalement sur des oreilles qui sont fort asymétriques au départ, il est difficile de garantir une symétrie de forme parfaite. Mais les patients qui souffrent d’oreilles décollées et qui viennent consulter en vue d’une opération sont souvent attentifs à cet aspect », explique le Dr. Schauss, médecin ORL et spécialiste en chirurgie (à Liège, Verviers et Eupen). « Il y a lieu de leur faire comprendre que souvent, il ne s’agit pas seulement d’un écartement par rapport au crâne inégal d’un côté à l’autre, mais également d’une forme de pavillon différente. »
Parfois – le cas est toutefois plus rare -, une seule oreille pose un problème de décollement. Le médecin spécialiste se devra de veiller à obtenir un résultat le plus symétrique possible. Ce qui n’est pas toujours facile. « A nous, médecins, d’être extrêmement précis au moment de prendre les mesures pour obtenir le résultat le plus naturel possible », poursuit le Dr. Schauss.
A partir de quel âge peut-on intervenir ?
Les oreilles de votre enfant sont décollées et vous aimeriez savoir à partir de quand vous pouvez songer à une petite intervention ? On estime qu’on peut opérer l’enfant quand il est en âge de supporter un pansement, soit vers 6-7 ans, ce qui correspond aussi à son entrée à l’école et lui permettra d’échapper à d’éventuelles moqueries de ses camarades. On privilégie le plus souvent une anesthésie générale chez les petits, contrairement aux adultes chez qui on intervient en ambulatoire, sous anesthésie locale.
Les oreilles « décollées » ne sont pas plus l’apanage d’un sexe : filles et garçons en souffrent autant. On retrouve généralement des cas semblables dans la famille, le positionnement du pavillon de l’oreille n’a donc rien à voir avec la position de l’enfant, par exemple dans l’utérus. C’est plutôt un « incident » génétique. Notez également qu’après l’intervention, l’enfant devra porter un bandeau de nuit pendant 6 semaines pour éviter de « retourner » l’oreille par inadvertance durant le sommeil. Il devra aussi éviter les sports de contacts (foot, judo) pendant le même laps de temps.
Différentes approches techniques sont possibles (voir aussi notre actualité de février 2020). La seule mise en place de points de suture afin de maintenir l’oreille dans sa nouvelle position fonctionne bien au moment même. Néanmoins, la force de tension intrinsèque du cartilage s’oppose à la traction des fils et dès lors, à terme, l’oreille risque de revenir à sa position initiale. Une autre méthode consiste à enlever une partie du cartilage, mais on peut voir les bords de l’incision, ce qui est moins joli. Le mieux est d’affaiblir le cartilage sur une surface plus large afin de le rendre plus malléable. Spontanément, il va se courber de manière harmonieuse. « Personnellement, je préfère cette dernière méthode qui cependant exige un peu plus de temps », sourit le Dr. Schauss.
N’hésitez pas à poser toutes les questions qui vous préoccupent sur votre future intervention afin de bien en comprendre les différentes étapes.
Un effet collatéral du vieillissement
Peut-être l’avez-vous déjà remarqué si vous êtes un fin observateur des visages autour de vous. Avec l’âge, les lèvres – et plus particulièrement celle du dessus – se modifient. La peau (partie blanche) s’allonge et grignote du terrain sur la muqueuse (partie pigmentée rouge/plus foncée). Conséquence, une lèvre amincie, plus fine, qui peut vieillir l’aspect général du visage, ou donner une impression de lèvres pincées et de visage fâché.
Quelles solutions ? La médecine esthétique recourt à des injections à l’aide de produits de comblement (acide hyaluronique), qui sont résorbables. Ces injections peuvent aider à remodeler l’ourlet de la lèvre et à limiter l’affaissement.
La chirurgie plastique propose elle aussi des solutions de façon plus permanente.
« Une manière élégante consiste à inciser à la base du nez », entame le Dr. Schauss, « afin d’ôter une partie de la lèvre « blanche » et de la remonter. La lèvre supérieure a un certain poids et contient du muscle, il faut légèrement surcorriger pour parfaire le résultat final quand on intervient depuis la base des narines.
« Une autre méthode, quand l’ourlet entre la peau et la muqueuse est effacé, consiste à remonter, à dérouler la muqueuse de la lèvre et à créer un nouvel ourlet. »
« Plus les lèvres sont fines au départ, plus le problème risque de se marquer tôt », poursuit le spécialiste. Ce relâchement est naturel, mais il peut être plus important chez certaines personnes.
On recourt à l’une ou l’autre technique au cas par cas, en fonction des morphologies et des souhaits des patients.
Certains patients peuvent aussi souffrir d’un problème de relief de la lèvre à la suite d’une intervention maxillo-faciale. Enfin, il peut aussi s’agir de corriger une cicatrice de fente labiale.
Seule contrainte, pas de fou rire au cours de la cicatrisation !
L’intervention chirurgicale peut se dérouler en ambulatoire. Les mesures pré-opératoires doivent être prises avec rigueur, et les sutures se doivent elles aussi d’être fines et précises.
« Il n’y a pas de port de pansement particulier après le geste chirurgical. Par contre, il faut éviter de bouger trop les lèvres », prévient le Dr. Schauss. On évitera tout excès de zèle en mastiquant ou en souriant et, bien sûr, pas de fous rires, il sera toujours temps de se rattraper par la suite.
« L’anesthésie est locale, nous travaillons ainsi de concert avec le patient et pouvons lui montrer au fur et à mesure. Le résultat se voit dès que les tissus sont dégonflés, mais on patientera de préférence tout de même 6 à 8 semaines pour que le résultat se stabilise. »
CFF : La touche finale d’une nouvelle vie
Différentes interventions chirurgicales peuvent être proposées aux personnes transgenres dans le décours de leur métamorphose physique, notamment au niveau du visage. Ces différentes opérations sont désignées sous le terme « CFF », pour « Chirurgie de Féminisation Faciale ».
La rhinoplastie (chirurgie plastique du nez) en fait partie. Mais elle intervient de préférence en ultime recours, c’est-à-dire après une éventuelle opération de chirurgie maxillofaciale afin que le futur nez puisse s’intégrer parfaitement à la nouvelle forme et apparence du visage. « La rhinoplastie est importante pour une partie de la communauté en dysphorie de genre, qui est demandeuse de l’intervention pour harmoniser davantage le visage », explique le Dr. Schauss, spécialiste en chirurgie faciale (à Liège, Verviers et Eupen).
Dans le cas d’un homme en cours de traitement de réassignation sexuelle par exemple, la chirurgie peut aider à féminiser le visage en intervenant au niveau des mâchoires (trop anguleuses, on peut arrondir les angles). « Dans ce cas, je préfère attendre que cette opération ait été réalisée par mes confrères avant d’intervenir moi-même au niveau du nez, ainsi il pourra s’intégrer de manière naturelle dans le nouveau visage », reprend le Dr. Schauss.
Des profils de nez différents ?
Au niveau du nez, en observant le profil, celui de la femme présente souvent une tendance à être discrètement excavé, alors que le nez masculin est plutôt droit. Quant à la pointe, on considère, en termes techniques, que l’angle entre la lèvre supérieure et la columelle (la petite partie de chair qui sépare nos narines) est plutôt ouvert chez la femme, et plutôt fermé chez l’homme. Le nez masculin est aussi un peu plus large.
Dans le cas d’une réassignation homme/femme (« femme trans » en termes médicaux), il s’agira donc le plus souvent de diminuer le volume du nez (bien qu’il existe aussi des hommes avec de petits nez). « Cette intervention ne se limite pas à une simple réduction de la largeur, il s’agit d’un véritable travail en trois dimensions, notamment sur la pyramide nasale, pour que le résultat final soit bien adapté au visage », précise encore le Dr. Schauss. Il s’agit fréquemment en plus de diminuer les ailes du nez, de rétrécir les narines… Un véritable travail d’orfèvre, qui prend plus de temps qu’une rhinoplastie classique. Certains détails demandent en effet à être peaufinés. « En amont aussi, avant même l’intervention, la procédure exige davantage de réflexion sur ce que l’on va faire par rapport à une correction chez un patient qui garde ses caractéristiques anatomiques de genre. »
La rhinoplastie chez l’homme trans (femme -> homme) est plus rare. Elle consiste souvent à augmenter le nez, ce qui implique éventuellement d’implanter du cartilage (qui peut être pris dans le pavillon de l’oreille) pour augmenter les volumes.
Insatisfaction : quand il faut réopérer…
Comme pour toute intervention chirurgicale, celles qui s’appliquent au nez, appelées « rhinoplasties », peuvent ne pas satisfaire totalement et nécessiter une retouche. Techniquement, on parle alors de « reprise chirurgicale », motivée par l’objectif d’amélioration du résultat esthétique.
Ces imperfections peuvent être liées à un souci de cicatrice, de sous-correction ou de sur-correction du problème initial, d’asymétrie ou encore d’irrégularités. « Quand, lors de la première intervention, les tissus saignent, sont gonflés, il n’est, au moment même, pas toujours possible de tout visualiser et il arrive que certains détails apparaissent par la suite, quand le nez est dégonflé. »
En tant que spécialiste ORL, le Dr. Schauss est parfois amené à intervenir sur des patients en demande d’une telle retouche (rhinoplastie secondaire). Si vous êtes dans le cas, sachez qu’il vaut toujours mieux s’adresser d’abord au premier praticien puisqu’il s’agit de son opération. Ce dernier peut toutefois refuser d’intervenir. Ou il est déjà réintervenu, mais sans succès. De son côté, le patient peut aussi ne plus avoir confiance. « Ces patients arrivent alors chez moi », explique le Dr. Schauss.
Rhinoplastie : quel délai pour un résultat final ?
Mais en fait, à partir de quand peut-on juger du résultat et considérer que celui-ci est définitif ? Combien de temps faut-il attendre avant de pouvoir juger objectivement ? « Après trois à quatre mois, le nez est bien dégonflé, les détails apparaissent clairement et on peut considérer que le résultat est final. Si le nez est dévié ou une bosse toujours présente par exemple, après ce délai, il ne faut donc pas espérer que cela s’arrangera avec le temps. »
Cependant, avant de réintervenir, un délai d’attente d’un an est plus que conseillé pour s’assurer que la maturation cicatricielle est atteinte et que les tissus se sont suffisamment stabilisés.
Il faut prendre en compte qu’un deuxième geste chirurgical est toujours plus délicat qu’un premier car les tissus (os, cartilages, peau) ont déjà souffert (il est parfois difficile d’estimer à quel point).
Le travail du chirurgien consiste généralement à reprofiler le nez. « Il s’agit de retouches parfois très ciblées », rappelle le Dr. Schauss.
Toutefois, si trop de volumes ont été prélevés lors de la première intervention, la reprise peut se transformer en véritable reconstruction et réimplantation. Avec, parfois, un apport nécessaire de matière (cartilage) pour rendre de la rondeur à la sur-correction (pointe de nez trop fine et pincée, par exemple).
Rhinoplastie insatisfaisante, que faire ?
Certains cas sont-ils vraiment « désespérés » ? Non, rassure le Dr. Schauss. De toute sa carrière, il ne lui est jamais arrivé de devoir refuser d’aider un patient déçu par une rhinoplastie antérieure objectivement insatisfaisante. « Certes, il est parfois difficile de dire à quel point on pourra améliorer les choses et le travail peut être assez conséquent, mais on peut presque toujours mieux faire. Parfois, nous voyons des patients qui, après leur première opération, sont finalement encore plus malheureux qu’avant celle-ci. Cela peut alors vraiment devenir une fixation pour le patient, qui est demandeur d’une reprise, et je suis d’avis qu’il faut l’aider. »
Dans tous les cas, rien ne vaut l’expertise d’un chirurgien rompu à ce genre d’interventions et possédant de solides connaissances, à la fois anatomiques et techniques.
Techniques d’otoplastie
Derrière l’énigmatique terminologie « otoplastie » se cache, en réalité, l’intervention esthétique de correction des oreilles que l’on dit tout simplement « décollées » en langage familier. Le préfixe « oto » – que l’on retrouve aussi dans l’appellation « médecin ORL » – désigne en effet « l’oreille » en grec ancien.
L’otoplastie est une intervention sûre, couramment pratiquée, notamment chez l’enfant chez qui on peut y penser dès l’âge de 6-7 ans, quand la croissance de l’organe est terminée. Ca tombe bien, c’est aussi à ce moment de sa vie, qui correspond à l’entrée dans l’enseignement primaire, que l’enfant risque de subir des moqueries difficiles à comprendre et à supporter. L’oreille décollée est pourtant une malformation très fréquente, puisqu’on estime qu’elle touche 5% des bouts d’chou. Il n’est cependant jamais trop tard pour bien faire et se sentir mieux dans sa peau, une opération est donc également tout à fait réalisable à l’âge adulte.
Mais pourquoi l’oreille est-elle « décollée » ?
Trois malformations sont possibles, qui peuvent se chevaucher :
- Un défaut dit « de plicature de l’anthélix », soit une absence de pli au niveau de la partie de l’oreille qui a normalement la forme d’un Y ;
- Le cartilage de la conque (la partie creuse vers le conduit auditif) a une taille trop importante (« hypertrophie ») projetant l’oreille vers l’avant ;
- Le lobe de l’oreille est décollé (« valgus » du lobe).
C’est le plus souvent au niveau de l’anthélix et de la conque que le chirurgien va intervenir.
Différentes techniques peuvent être utilisées.
Sachez toutefois que les nouvelles techniques « mini-invasives » sont davantage un « phénomène de mode » que d’une réelle utilité. Ne vous laissez donc pas bluffer. Le meilleur chirurgien est d’abord celui qui maîtrise les techniques de chirurgie ET l’anatomie de l’oreille. Celle-ci, vu son architecture assez complexe, recèle en effet certains points de tension interne qu’il faut bien connaître pour éviter que les points de suture de remodelage de l’oreille ne se rompent après l’intervention.
Le chirurgien commence par réaliser une incision cutanée au niveau du sillon dit « rétro-auriculaire », c’est-à-dire dans le pli à l’arrière de l’oreille. Le chirurgien décolle ensuite la peau, sur une zone plus ou moins grande selon les besoins de l’intervention, afin d’accéder au cartilage. Dissimulées dans les plis naturels, ces mini-cicatrices seront quasi invisibles.
Plusieurs techniques de remodelage sont à la disposition du spécialiste, techniques qu’il peut éventuellement combiner entre elles.
La technique classique dite « de Mustardé et Furnas » repose sur la mise en place de points de suture (non résorbables) derrière l’oreille pour l’orienter et la maintenir en arrière. C’est là qu’il s’agit de maîtriser tensions et contre-tensions pour ne pas que les fils lâchent ! « Le résultat peut être joli mais parfois un peu plus douloureux », ne cache pas le Dr. Schauss.
La technique « de Stenström » et ses variantes consiste, elle, à râper/scarifier le cartilage. De petites incisions complémentaires sont parfois aussi pratiquées sur la face antérieure. Une fois aminci, ce cartilage est plus malléable, le médecin peut facilement lui donner la forme qu’il désire et recréer des plis. Les sutures sont sans tension et ne provoquent aucune douleur. Après l’intervention, quand le pansement est ôté, le gonflement de la zone opérée peut paraître un peu plus important, mais il faut laisser du temps à la cicatrisation avant de juger. A long terme, les résultats sont meilleurs et plus sûrs. Cette technique est généralement préférée par le Dr. Schauss.
En fonction de l’ampleur des corrections anatomiques à effectuer et de la technique chirurgicale choisie, l’intervention peut durer jusqu’à une heure trente (otoplastie des deux oreilles). Le pansement post-opératoire est réalisé avec des compresses modelantes, maintenues autour de la tête grâce à des bandes élastiques. Attention aux téléphones portables/casques après l’intervention : ils sont souvent de véritables nids de microbes, mieux vaut privilégier la fonction mains libres et se passer d’écouteurs un certain temps.
Dacryocystorhinostomie, autrement dit « DCR »
N’essayez même pas de prononcer son nom, même si vous avez brillamment réussi jusqu’ici avec les autres termes médicaux en matière de chirurgie ORL : le mot « dacryocystorhinostomie » (à vos souhaits !) est tout bonnement imprononçable… Pas vrai ? Pour nous faciliter la vie et éviter d’éternuer à chaque ligne de cette fiche d’actualité, nous parlerons donc de « DCR ».
La DCR est une petite opération chirurgicale qui permet de soulager le larmoiement intempestif dont sont victimes certaines personnes. Ce larmoiement se manifeste par des yeux constamment humides ou par de vraies larmes qui coulent spontanément sur les joues comme quand il fait froid ou qu’il y a du vent. Sauf qu’on n’est pas à la mer… Un seul œil ou les deux peuvent être touchés.
De l’usine à larmes jusqu’à l’avaloir
Les larmes, on s’en rend compte lorsqu’elles coulent, sont fabriquées derrière la paupière supérieure, puis récupérées et drainées par un système d’écoulement qui va du coin interne de l’œil vers l’intérieur du haut du nez. Parfois, cet égouttage laisse à désirer. Parce que le canalicule est étroit, victime d’un rétrécissement, ou qu’il est carrément obstrué. Un peu comme un avaloir de rue à moitié bouché, qui n’engloutit plus les eaux de pluie en cas de drache nationale… Dans le cas de nos larmes, elles vont s’accumuler dans un sac – le sac lacrymal – qui peut gonfler sous leur poids, au niveau du coin interne de l’œil qui va larmoyer sans cesse. Par ailleurs, cette « eau stagnante », à la merci des microbes, peut s’infecter. C’est là qu’intervient la première partie de notre terme si compliqué : « dacryocystite » signifie inflammation du sac lacrymal. Le coin de l’œil (paupière inférieure) gonfle, il est rouge, voire chaud et/ou douloureux.
Attention, curage des avaloirs en cours !
La deuxième partie du mot – « rhinostomie » – concerne la solution à ce problème : il va falloir déboucher ‘l’avaloir à larmes’ pour évacuer à nouveau les grandes eaux vers les fosses nasales. Le spécialiste ORL va donc recréer une ouverture entre le sac lacrymal et les cavités du nez. Il peut passer par la voie externe ou se faufiler en interne par la narine pour aller chercher le sac lacrymal et le rouvrir. Cette formule – par abord endonasal, sous guidage endoscopique, et baptisée « West Operation » – est moins invasive qu’une incision externe (pratiquée, elle, à l’angle entre le coin de l’œil et le nez). Elle permet une reperméabilisation des voies lacrymales qui à leur tour vont permettre aux larmes de s’écouler directement dans le nez, ce qui empêchera désormais le larmoiement. Dans certains cas, une mini-sonde (en silicone) est placée pendant quelques semaines afin de rétablir le passage.
Comme pour les autres interventions ORL, une consultation préopératoire vous permettra de discuter avec le médecin et d’être informé.e de tous les phases du traitement.
Ronchopathie, qu’est-ce que c’est ?
« Ronchopathie » … Serait-ce là le nom de la maladie dont souffrent les gens qui sont ‘ronchons’ dès potron-minet ? Que nenni ! Ce drôle de terme est en réalité l’appellation officielle du… ronflement ! Le mot s’inspire clairement du bruit émis par un dormeur qui ronfle (alternance de phases ‘rrrrron’, suivies de ‘schhhhh…’).
Ce son, plus ou moins élevé selon les individus, s’exprime en décibels (de 45 à 100 dB, soit le bruit de l’autoroute à l’échangeur de Battice !). Il provient d’un problème d’étroitesse des voies respiratoires, une exiguïté qui entrave le libre passage du flux d’air. Tout rétrécissement peut engendrer un ronflement, qu’il se situe au niveau du nez ou plus bas, du pharynx. Cette « sténose » peut être permanente, liée à une petite anomalie ou déformation anatomique du nez par exemple, ou être provoquée par la position couchée, particulièrement sur le dos parce que la mâchoire et la langue reculent vers l’arrière-gorge et que les parois « collabent », c’est-à-dire qu’elles s’affaissent sous l’effet de relaxation musculaire induite par le sommeil. Du coup, les tissus mous vibrent sous le passage de l’air, qui résiste pour se frayer un chemin.
L’American Academy of Otolaryngology estime que 45% des adultes ronflent de temps en temps, et 25% régulièrement. Elle ne précise pas le pourcentage d’hommes et de femmes… Et c’est tant mieux pour la paix des ménages ! Mais les femmes ne sont pas épargnées par le phénomène, de même que les enfants chez qui les amygdales et/ou les végétations jouent souvent un rôle.
Un traitement en plusieurs temps
La première étape, essentielle, quand on consulte un spécialiste, consiste à déterminer l’origine du ronflement afin de pouvoir le traiter efficacement. Les causes peuvent en effet être multiples : consommation d’alcool, de tabac, prise de certains médicaments juste avant le coucher (somnifères, antihistaminiques), surpoids, vieillissement… Améliorer son hygiène de vie, perdre quelques kilos en cas d’excès pondéral et/ou éviter l’alcool tard le soir, peuvent déjà apporter une amélioration.
D’autres facteurs peuvent cependant expliquer un ronflement, des causes davantage liées à la sphère ORL : déviation de la cloison nasale, obstruction provoquée par une inflammation chronique (allergie, sinusite), rétrécissement pharyngé (amygdales hypertrophiées), voile du palais long.
Si le ronflement est source de nombreuses blagues, il ne faut pas sous-estimer son impact sur la qualité de vie du ronfleur et sur sa santé : l’obstruction des voies respiratoires durant le sommeil entraîne une diminution de la ventilation, voire des apnées plus ou moins fréquentes et longues de la respiration. Il s’agit alors d’une maladie, qui peut avoir de graves conséquences sur l’état général (fonction cardiaque, capacité d’attention diurne diminuée). Maladie qui exige un traitement médical. Le rôle de l’ oto-rhino-laryngologiste est de prendre en charge une intervention d’élargissement des voies respiratoires (cloison nasale, voile du palais, luette, amygdales, polypes) ou tout autre traitement qu’il juge pertinent en fonction du profil du ronfleur.
N’hésitez pas à consulter, votre confort de vie (et celui de la famille qui partage votre toit) pourrait s’en retrouver nettement amélioré !
Accident de travail : évaluation
L’incapacité à la suite d’un accident de travail – on est dans la sphère purement professionnelle – s’évalue par la diminution ou la perte de potentiel économique de la personne qui en est victime. Cette incapacité est estimée dans son ensemble, à l’aune de sa capacité de ‘concurrence’ sur le marché de l’emploi qui lui est propre. A sa ‘valeur économique résiduelle’, en quelque sorte.
« L’estimation de l’incapacité de travail va dépendre de la profession et de la formation de la personne. Ce qui importe, c’est si elle sait encore ou plus travailler, voire travailler avec certaines limitations. Etant donné que dans ce dernier cas, sa capacité concurrentielle sur le marché de l’emploi diminue. » explique le Dr. Schauss.
Cette capacité de la personne face à la concurrence disponible sur le marché de l’emploi se détermine par son aptitude, par rapport à d’autres travailleurs, à encore exercer une activité professionnelle normale parmi l’ensemble des professions qui composent « son » marché de l’emploi. Professions qui lui sont encore raisonnablement accessibles.
Le mécanisme légal de la réparation en accident du travail impose que l’ « état antérieur » soit considéré comme indifférent. L’état antérieur est « constitué par l’ensemble des antécédents susceptibles d’intervenir dans le processus pathologique faisant suite à l’accident ». La règle est la globalisation du dommage : la pathologie concernée doit être imputée pour le tout à l’accident, dès lors et aussi longtemps que celui-ci en est la cause partielle. En effet, un éventuel dommage antérieur n’empêchait pas la personne blessée d’exercer l’activité au cours de laquelle elle a subi l’accident.
Différence avec le droit commun
La situation est différente de celle en droit commun, où l’évaluation du préjudice subi par la victime d’un accident fait appel à la notion d’état antérieur. Cet état antérieur, altéré par le traumatisme lié à l’accident présent, peut s’ajouter à celui-ci et créer un dommage encore plus grave que celui que le traumatisme aurait provoqué chez un individu ‘sain’, càd sans pathologie auparavant. « Imaginons un accident de voiture qui provoque des lésions aux genoux », donne en exemple le Dr. Schauss. « Si la victime avait déjà des problèmes de genoux auparavant parce qu’elle avait beaucoup joué au football, elle ne va pas être dédommagée pour tout : il faudra soustraire la part de problèmes antérieurs pour trouver la vérité. »
La médecine de recours ?
Suite à une maladie ou suite à un accident ayant entraîné des blessures sévères, on peut se retrouver avec des dommages corporels plus ou moins importants, dont certains ne vont peut-être jamais disparaître complètement. Toute personne victime d’un accident ou d’une maladie entraînant un dommage corporel peut, à un moment, avoir besoin d’une expertise, voire d’une procédure en justice, pour obtenir une indemnisation de son préjudice. Certains médecins sont reconnus comme experts dans ce domaine, appelé « médecine de recours ». Ils établissent des « expertises médicales » pour évaluer les dommages subis par la victime et estimer l’ampleur de l’incapacité qui en résulte dans le cadre d’une procédure dite « médico-légale ». Ces experts vont défendre le patient et négocier d’égal à égal avec la partie adverse (la compagnie d’assurance de l’employeur, par exemple).
Différentes incapacités
Les séquelles de la maladie ou de l’accident peuvent avoir différentes répercussions sur la vie au quotidien. Elles se font sentir dans la sphère privée/familiale, dans les tâches ménagères et/ou au niveau professionnel. En fonction du domaine où elles portent à conséquences, ces répercussions sont, au regard de la loi, traduites en « incapacités ». On parle ainsi d’incapacité personnelle, ménagère et économique.
L’incapacité personnelle
L’incapacité personnelle reprend les limitations à l’intégrité physique et psychique de la personne. Cette incapacité peut avoir des répercussions concrètes dans la vie quotidienne.
L’incapacité ménagère
Ainsi l’incapacité ménagère est la difficulté, voire l’impossibilité, d’exécuter certaines tâches de la vie courante comme l’entretien de la maison, les courses, les repas, l’éducation des enfants, le repassage, etc.
L’incapacité économique/professionnelle
L’incapacité économique/professionnelle est la répercussion de l’incapacité personnelle sur la sphère de travail, et la perte de revenus qu’elle entraîne (à indemniser). Dans le domaine de l’assurance-maladie, le fait de ne plus pouvoir travailler s’appelle « incapacité » la première année. Au-delà d’un an, l’incapacité prend le nom d’« invalidité », terme reconnu par la Loi belge. Incapacité et invalidité sont reconnues par l’INAMI.
A pourcentage identique d’incapacité personnelle reconnue, ces incapacités ne seront pas forcément gérées de la même façon, au niveau professionnel, entre deux individus : s’ils ont chacun perdu une phalange, par exemple, la répercussion de cette incapacité personnelle sur leur univers professionnel sera très différente si l’un est pianiste et l’autre maçon. Le médecin qui évalue le taux d’incapacité (le médecin-conseil de l’assurance, par exemple, pour soumettre une proposition de dédommagement) prend en compte différents facteurs, dont l’âge, les qualifications, mais aussi les possibilités d’adaptation, voire de formation pour un recyclage ou une réorientation professionnelle.
Un tamponnement est-il toujours nécessaire ?
Le « méchage » – également appelé « tamponnement nasal » – est un acte qui consiste à placer des pansements absorbants dans les narines. Un tel « méchage » doit parfois être réalisé au terme d’une chirurgie du nez et/ou des sinus. Il nécessite dès lors d’être intégré dans les suites de l’intervention et les soins post-opératoires.
Ce « tamponnement nasal » poursuit plusieurs objectifs thérapeutiques, et non des moindres, le premier étant d’empêcher les saignements de nez. Le nez est un organe fortement vascularisé, c’est-à-dire particulièrement riche en petits vaisseaux sanguins qui peuvent éclater. Le pansement nasal est une sorte d’éponge douce qui absorbe le sang. Le méchage permet également de maintenir la cloison médiane.
Mais ces mots « mèche » et « tamponnement » font parfois peur aux patients. Surtout quand vient le moment de les retirer… A raison ? Non ! En réalité, l’ablation des mèches ou du tamponnement nasal est davantage un moment désagréable ou inconfortable que réellement douloureux. Cette (petite) étape sur le chemin vers un nouveau nez ou des sinus qui ne poseront plus problème doit vraiment être dédramatisée. Bien souvent – comme c’est le cas aussi pour d’autres gestes médicaux, ne fut-ce que le fait d’entendre le bruit de la fraise chez le dentiste -, le désagrément est amplifié parce qu’on redoute d’avoir mal et qu’on anticipe cette perspective de douleur. Et c’est tout à fait humain. N’écoutez donc pas trop les récits d’horreur que risquent de vous en faire des personnes qui ont été opérées. Demandez plutôt au chirurgien de vous expliquer ce qu’il en est exactement.
Seulement une fois sur dix
« Il est vrai qu’auparavant les tamponnements pouvaient s’avérer fort collants », explique le Dr. Schauss. Les mèches textiles ont été beaucoup utilisées. Leur extraction était cependant parfois traumatique, ce qui explique sans doute la mauvaise réputation du tamponnement auprès des patients qui sont passés par là, à cette époque. « Personnellement, j’utilise un système de mousse dotée d’un enrobage qui glisse davantage et rend le méchage beaucoup moins désagréable. Le tamponnement est toutefois rarement utilisé – dans environ 10% des cas -, il n’y a donc aucune raison d’avoir peur », rassure le médecin.
Si méchage il y a, celui-ci sera maintenu en place le moins longtemps possible. Demandez à votre chirurgien pour combien de temps vous en avez. Il pourra aussi vous donner de petits conseils pratiques – avec ou sans mèches – pour éviter les saignements de nez comme, par exemple, éviter de se moucher, ne pas faire d’effort violent ni porter de charges lourdes, essayer d’éternuer la bouche ouverte (pour diminuer la pression intranasale), ou encore dormir avec la tête surélevée les premiers jours après l’intervention.