Dacryocystorhinostomie, autrement dit « DCR »
N’essayez même pas de prononcer son nom, même si vous avez brillamment réussi jusqu’ici avec les autres termes médicaux en matière de chirurgie ORL : le mot « dacryocystorhinostomie » (à vos souhaits !) est tout bonnement imprononçable… Pas vrai ? Pour nous faciliter la vie et éviter d’éternuer à chaque ligne de cette fiche d’actualité, nous parlerons donc de « DCR ».
La DCR est une petite opération chirurgicale qui permet de soulager le larmoiement intempestif dont sont victimes certaines personnes. Ce larmoiement se manifeste par des yeux constamment humides ou par de vraies larmes qui coulent spontanément sur les joues comme quand il fait froid ou qu’il y a du vent. Sauf qu’on n’est pas à la mer… Un seul œil ou les deux peuvent être touchés.
De l’usine à larmes jusqu’à l’avaloir
Les larmes, on s’en rend compte lorsqu’elles coulent, sont fabriquées derrière la paupière supérieure, puis récupérées et drainées par un système d’écoulement qui va du coin interne de l’œil vers l’intérieur du haut du nez. Parfois, cet égouttage laisse à désirer. Parce que le canalicule est étroit, victime d’un rétrécissement, ou qu’il est carrément obstrué. Un peu comme un avaloir de rue à moitié bouché, qui n’engloutit plus les eaux de pluie en cas de drache nationale… Dans le cas de nos larmes, elles vont s’accumuler dans un sac – le sac lacrymal – qui peut gonfler sous leur poids, au niveau du coin interne de l’œil qui va larmoyer sans cesse. Par ailleurs, cette « eau stagnante », à la merci des microbes, peut s’infecter. C’est là qu’intervient la première partie de notre terme si compliqué : « dacryocystite » signifie inflammation du sac lacrymal. Le coin de l’œil (paupière inférieure) gonfle, il est rouge, voire chaud et/ou douloureux.
Attention, curage des avaloirs en cours !
La deuxième partie du mot – « rhinostomie » – concerne la solution à ce problème : il va falloir déboucher ‘l’avaloir à larmes’ pour évacuer à nouveau les grandes eaux vers les fosses nasales. Le spécialiste ORL va donc recréer une ouverture entre le sac lacrymal et les cavités du nez. Il peut passer par la voie externe ou se faufiler en interne par la narine pour aller chercher le sac lacrymal et le rouvrir. Cette formule – par abord endonasal, sous guidage endoscopique, et baptisée « West Operation » – est moins invasive qu’une incision externe (pratiquée, elle, à l’angle entre le coin de l’œil et le nez). Elle permet une reperméabilisation des voies lacrymales qui à leur tour vont permettre aux larmes de s’écouler directement dans le nez, ce qui empêchera désormais le larmoiement. Dans certains cas, une mini-sonde (en silicone) est placée pendant quelques semaines afin de rétablir le passage.
Comme pour les autres interventions ORL, une consultation préopératoire vous permettra de discuter avec le médecin et d’être informé.e de tous les phases du traitement.